Photographier un immeuble en béton, en cours de construction, avec un ouvrier à l’oeuvre.

1er sujet (sur 7) du concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France » .

Je vais aborder le thème de la photographie d’architecture d’abord sous l’angle du concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France » :

  • comment j’ai choisi l’immeuble,
  • les pièges à éviter,
  • le respect du sujet,
  • les contraintes techniques,

puis d’un point de vue plus généraliste :

  • l’utilisation du trépied pour des expositions multiples,
  • la recherche du contraste
  • utiliser « l’encadrement » pour améliorer la composition

1. Photographier un immeuble dans le cadre d’un concours

Avant toute chose, bien lire le sujet ! On nous l’a assez répété lors de la visioconférence qui devait nous éclairer sur certains points de l’épreuve en présentiel….

Thème « architecture ». Sujet : « Photographier un immeuble en béton, en cours de construction, avec un ouvrier à l’oeuvre ». Photo verticale, noir et blanc.

comment photographier un immeuble

Canon 5D markIV 17 mm TSE f/16 1/60

Les contraintes liées à la photographie d’architecture

  • conserver les lignes verticales perpendiculaires au sol
  • éviter les déformations géométriques du bâtiment causées par l’angle de prise de vues
  • choisir le bon objectif
  • attendre (si possible) une météo favorable, c’est-à-dire une lumière créant de beaux contrastes et donc de jolis volumes.

Bien choisir l’immeuble pour le concours.

J’ai contacté les promoteurs immobiliers avec lesquels je travaille. Je leur ai expliqué mon projet et mes souhaits : un immeuble déjà bien avancé, si possible un ensemble d’immeubles, l’autorisation de photographier l’immeuble et les ouvriers. C’est le groupe ICADE par la voix de Frédérique Duflot qui a tout de suite compris mes besoins et mes exigences. Elle m’a proposé deux projets : l’un à Bischheim mais encore trop peu avancé et dont l’environnement ne collait pas avec ce que je recherchais (tout autour du chantier, il y avait d’anciens immeubles bien trop présents), l’autre à Ostwald pour lequel j’ai eu un coup de coeur  ! Quatre immeubles identiques, les travaux bien avancés, des formes géométriques très graphiques et des ouvriers prêts à se laisser photographier.

Repérages

Je fais le tour du chantier, teste quelques vues depuis la cour qui se trouve entre les 4 immeubles, puis rentre dans l’un des immeubles. Au deuxième étage, je trouve cette grande baie vitrée qui me permet de donner un cadre à l’immeuble en cours de construction. Je suis aux « anges » ! Je peux jouer avec les perspectives, celles du bâtiment en cours de construction (mon sujet principal) + celles de bâtiment depuis lequel je photographie.

Pour cette journée de repérage, je n’ai qu’un 24 mm et je m’aperçois des limites de mon objectif. Je n’ai pas la possibilité de reculer et donc je coupe une partie de l’immeuble. De plus le sol du bâtiment au premier plan est fuyant.

Mais grâce à ces premiers essais, je vais préparer la seconde séance :

  • location d’un objectif 17mm TSE à bascule et décentrement
  • ajout d’un réflecteur 100×100 cm
  • réflexion sur la gestuelle de l’ouvrier (le travail à la masse n’est pas vraiment visuel)

Prises de vues

Le jour J, je me présente tout de suite aux chefs d’équipes (avec des viennoiseries et des barres chocolatées) à la recherche d’un modèle qui peut exécuter un geste utile pour leurs travaux et intéressant d’un point de vue photographique.

Je mets en place l’appareil photo sur son trépied, le réflecteur et l’ordinateur. Je peaufine mon cadrage et fais une première photo sans l’ouvrier. Une fois que tout est calé, je vais chercher le modèle, lui montre sur l’ordinateur la photo faite sans lui. Ainsi, c’est plus facile de lui expliquer ce que j’attends de lui. Un gain de temps pour lui et moi.

Post-production : noir et blanc

  1. Amélioration du ciel avec le calque de réglage « courbes »

2. Conversion avec le calque de réglage « noir et blanc »

J’ai déplacé les curseurs des bleus et des cyans jusqu’à obtenir un effet plus dramatique du ciel. Et pour voir le résultat, retournez en haut de la page)

Voilà donc mon cheminent pour exécuter ce premier sujet « photographier un immeuble en béton en cours de construction » du concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France ».

2. Quelques astuces pour appréhender la photographie d’architecture

Même si photographier un immeuble n’est pas ma principale activité, (mes domaines de prédilection étant la photographie culinaire et la photographie du cristal), je vais vous livrer (à mon niveau) quelques conseils. En espérant que cela vous soit utile…

Jamais sans mon trépied

Les capteurs des appareils photos sont de plus en plus performants. Ils sont capables de capturer une plage de plus en plus large entre les hautes et les basses lumières. Cependant, face à un intérieur sombre et des fenêtres lumineuses, en une seule exposition il faudra faire un choix : surexposer les zones lumineuses ou sous-exposer les zones sombres.

Sans chercher à pratiquer la HDR, je vous recommande de photographier un immeuble en exposant correctement pour le ciel, puis pour l’intérieur. Installez votre appareil photo sur un trépied, puis capturez plusieurs images à différentes expositions. La convention consiste à capturer trois prises de vue – une exposant pour les zones sombres, une exposant pour les zones claires et une exposant pour les tons moyens .

Enfin, additionnez les différentes expositions dans Photoshop et jouez avec les calques.

Encadrez votre sujet, photographier un immeuble avec autour de lui un premier plan qui le met en valeur

Créer un cadre autour de votre sujet principal est une technique de composition classique cela fonctionne très bien pour photographier un immeuble.

L’idée est simple : trouvez un bâtiment intéressant, puis encadrez-le avec des éléments au premier plan, comme un autre bâtiment, une porte, une baie vitrée, des branches, etc…

Entre nous, vous n’avez pas nécessairement besoin de commencer par trouver le bâtiment puis d’ajouter ensuite le cadre. Et si vous faisiez l’inverse ?! Trouvez d’abord un cadre intéressant, comme une arche. Ensuite, déplacez votre appareil photo pour voir ce que vous pouvez y mettre !

Cherchez le contraste

Le contraste au service de la photographie d’architecture ou plutôt les contrastes.

Le contraste « tonal » : c’est-à-dire un contraste entre la lumière et l’ombre. Vous le trouverez souvent lors de journées ensoleillées. Le soleil mettra en valeur certaines parties d’un bâtiment et en masquera d’autres, créant un effet graphique intéressant.

Le contraste des couleurs : bien observer l’environnement, vous pouvez toujours vous positionner de manière à ce qu’un bâtiment coloré soit à côté d’un bâtiment coloré.

Le contraste « architecture ancienne et moderne » comme une église entourée d’immeubles modernes.

Conclusion

Quelle que soit la technique, quel que soit votre niveau, l’essentiel est que vous preniez du plaisir ! Sortez votre appareil photo, votre trépied, marchez, expérimentez et recommencez jusqu’à ce que vous soyez satisfait.

Et si cet article vous a plu, commentez ou complétez-le par vos expériences et partagez-le sans modération. Merci !

Remerciements

Ce sujet « photographier un immeuble en béton en cours de construction » n’aurait pas été possible sans l’aide de Frédérique Duflot de la société ICADE et sans Solveen Dromson de Dromson Immobilier à Strasbourg. Merci à vous deux pour votre implication dans ce projet dingue qui m’a terriblement occupée pendant 9 mois.